Marie Curie Non au découragement

Collection « Ceux qui ont dit non »

Cette collection de romans pour jeunes présente des personnages qui se sont rendus célèbres parce qu’ils ont dit Non à un moment ou l’autre de leur vie. Marie Curie, femme scientifique célèbre, ayant reçu deux prix Nobel est de ceux-là. Cependant, c’est aussi une femme qui, comme tout être humain, a connu des périodes de découragement intense. Sa ténacité et son humanité l’ont aidée à tenir le coup et à faire d’elle « une belle personne ». Certains éléments de sa vie, retracés dans ce roman, nous la rendent particulièrement attachante.

elisabeth motsch marie curie non au découragement

Acte Sud Junior
Collection « Ceux qui ont dit non »
2016

Extrait

« Nos habits sont impeccables, nos coiffures aussi. De nos sacs de cuir, quelques livres dépassent. Lorsque nous entrons dans le hall de l’université, Bronia prend son air hautain de princesse slave. Impressionné par son allure, le préposé aux inscriptions l’accueille en s’inclinant. Il va s’asseoir derrière son vaste bureau, chausse ses lunettes et lève vers elle ses petits yeux noirs.

– Vous désirez un renseignement…?

Sa voix nasillarde nous donne envie de rire mais nous restons dignes.

– Nous venons pour les inscriptions, monsieur le secrétaire.

– Les inscriptions… Vous voulez dire…?

– Oui, en mathématiques, sciences naturelles et chimie. Faut-il remplir des dossiers ?

– Mais, mais, bafouille-t-il. Pour qui les inscriptions?

– Pour nous. Je suis Bronislawa Sklodowska! Et voici mes sœurs, Helena et Marya…

Le secrétaire comprend soudain et lève les bras au ciel.

– Mais vous êtes…

– … des jeunes filles, oui, dit Bronia du ton de l’évidence et les sourcils légèrement levés.

Cette assurance est une provocation pour le petit homme. Il ouvre la bouche en cul de poule, devient tout rouge et détourne le regard de cette fille impudente. Puis il appelle ses commis au secours en tapant frénétiquement sur le bureau avec son porte-plume.

S’ensuit un affolement de basse-cour. D’où sortent-elles? Des filles qui veulent se mêler aux garçons sur les bancs de l’illustre université? Quelle incorrection! L’université de Varsovie n’est pas faite pour les jupons et les intrigues! Quelle honte! Le mépris déforme les lèvres du préposé aux inscriptions, les commis renchérissent et le soutiennent, craignant un malaise…

Nous sortons, l’air crâneur de vraies princesses slaves. Dehors, Hela imite les grimaces du préposé, mais cela n’efface pas notre échec. Qu’allons-nous devenir ?